C'est dans une contrée lointaine de la République du Vanuatu, sur une petite île d'environ 300 hectares, que l'avenir de la cryptomonnaie est peut-être en train de se jouer.

Cette île appelée Satoshi Island, du nom de l'inventeur présumé du Bitcoin Satoshi Nakamoto, sera le 1er cas d'étude réel où tout sera basé sur la blockchain puisque l'ensemble des transactions économiques seront basées sur la cryptomonnaie. Plus encore, les certificats de propriétés seront tous en NFT.

"L'île, qui appartient à Satoshi Island Holdings Limited, est destinée à devenir le foyer des professionnels et des passionnés de la cryptomonnaie (...) Après des années de préparation, un feu vert du Premier ministre et du ministre des Finances de Vanuatu et toutes les approbations en place, l'île de Satoshi est maintenant prête à être développée en une crypto-économie du monde réel et une démocratie basée sur la blockchain" explique Satoshi Island Holdings Limited dans un communiqué de presse.

La nouvelle capitale de la blockchain

Devant accueillir initialement 21000 personnes, les créateurs du concept ont reçu plus de 50000 personnes intéressées pour y habiter à partir de 2023.

Derrière ce projet fou, l'on retrouve James Law qui sera entre autre chargé de l'architecture de l'île, Denys Troyak qui sera chargé de la logistique, Taras Filatov qui sera chargé du développement technologique et de la blockchain, Daniel Agius qui sera chargé de l'investissement et de la migration et enfin Benjamin Nero qui sera chargé de la communication. Tout ce beau monde, déjà connu dans le monde de la cryptomonnaie, espère faire de Satoshi Island le nouvel Eldorado de la blockchain.

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En effet, sur l'île, toutes les transactions se feront soit en Bitcoin, soit en Ethereum: "La vie sur l'île sera une expérience sans pareille, offrant à la communauté crypto un moyen de vivre et de travailler parmi des personnes partageant les mêmes idées dans un lieu conçu autour de l'industrie que nous aimons" expliquent les créateurs du concept.

Avec des événements blockchain prévus toute l'année et un appel à tout les porteurs de projets utilisant cette technologie à s'installer sur l'île, celle-ci se veut être un lieu à part.

Pourquoi le Vanuatu?

Le choix de créer Satoshi Island sur l'île du Vanuatu, un pays du Pacifique Sud membre des Nations-Unies, n'est pas anodin. En effet, le gouvernement de ce pays soutient l'innovation et a des lois favorables à la cryptomonnaie.

"Après des recherches approfondies sur la faisabilité de créer une société entièrement basée sur la cryptomonnaie, le Vanuatu a été choisi parmi tous les autres pays en raison de la volonté du gouvernement de permettre à un tel lieu de devenir une réalité" expliquent les porteurs du projet.

Pour ceux qui souhaitent mettre en place des projets de blockchain, des banques ou d'autres entreprises associées à la cryptomonnaie, le Vanuatu offre un avantage non négligeable. En effet, le pays n'a pas d'impôt sur les bénéfices, les dividendes ou les revenus des sociétés ou des particuliers. Il n'y a pas d'impôt sur les gains en capital et pas de retenue à la source. Autant d'atouts et d'avantages fiscaux censés attirer le plus grand monde.

Cependant, pour espérer faire faire partie de ce Ghota, il faudra payer le prix cher. En effet, il faudra compter à peu près 60.000 dollars pour être propriétaire d'une parcelle de terre à Satoshi Island, et bien qu'il s'agisse d'une île privée, il faudra également obtenir la nationalité du Vanuatu pour y habiter. Celle-ci s'acquiert à 130.000 dollars.

Tout en blockchain!

En plus des transactions courantes, toutes en cryptomonnaies, l'île de Satoshi a décidé de faire des NFT ses titres de propriété. Ainsi quelque soit le bien que vous posséderez sur l'île, celui-ci sera sous forme de NFT.  Dans cet esprit, les NFT de Satoshi Island sont dotés de fonctionnalités de sécurité supplémentaires pour les garder entre de bonnes mains en cas de circonstances imprévues.

Parmi ces fonctionnalités, l'on retrouve la fonctionnalité "bénéficiaires" qui est destinée à fonctionner un peu comme une dernière volonté et un testament, mais ne nécessite aucun tiers pour autoriser le transfert. En gros, il s'agit d'un espèce de testament sous forme de NFT.

NFT: Là où l’art la technologie se croisent
Depuis début 2021, 1 milliard de dollars ont été dépensés pour l’acquisition d’œuvres numériques, ce qui fait des NFT un véritable phénomène de société.

Une autre fonctionnalité de sécurité NFT avancée est "Trustees". Cela fonctionne en permettant au titulaire de désigner jusqu'à trois adresses pour agir en tant que cosignataires, protégeant ainsi les utilisateurs contre les transactions non autorisées. Lorsqu'elle est utilisée, cette mesure de sécurité facultative signifie que même si le portefeuille du titulaire est compromis et que tous les autres jetons et NFT sont volés, leurs NFT de l'île de Satoshi seront en sécurité.

La propriété et la citoyenneté via NFT

Mais l'utilisation des NFT va encore plus loin. En effet, Satoshi Island franchit une nouvelle étape en introduisant un moyen de transformer la propriété numérique en physique. N'importe qui peut posséder une partie de l'île en acquérant des NFT de Satoshi Island qui peuvent être achetés et vendus facilement, sans aucune des complications associées au transfert de biens immobiliers traditionnels.

Ainsi chaque bloc de terre est divisé en 10 NFT qui peuvent être convertis en un NFPT qui donne aux titulaires les mêmes droits qu'un titre foncier physique. Cela inclut le droit de construire des maisons ou des appartements pouvant être habités ou loués. Les détenteurs de NFT qui composent plusieurs blocs peuvent également combiner leurs NFT pour créer des NFPT plus grands qui peuvent ensuite être développés pour accueillir des logements plus grands.

Posséder des NFPT offre une multitude d'avantages par rapport à la propriété foncière traditionnelle, mais pour ceux qui préfèrent une reconnaissance plus conventionnelle des droits, il est même possible pour les titulaires de NFPT de transformer leurs droits numériques en documents physiques sur le registre foncier officiel de Vanuatu.

Bien que le NFPT ait été conceptualisé pour être utilisé sur l'île de Satoshi, le cas d'utilisation est étendu et pourrait être adapté pour fonctionner avec tout ce qui a un long processus de transfert. C'est pourquoi la technologie et la propriété intellectuelle associées aux NFPT seront librement disponibles, sous licence open source, pour les entreprises privées ou les gouvernements qui verront l'intérêt de son application.

Au delà de la propriété, la citoyenneté elle-même à l'île de Satoshi se fait par NFT. Il offre à son titulaire des avantages exclusifs, notamment le droit de vivre et de travailler sur l'île, un accès anticipé aux monnaies, une sécurité NFT avancée et bien plus encore.

Les détenteurs de NFT de citoyenneté pourront ainsi voter sur les politiques qui régissent l'île. Chaque portefeuille ne peut détenir qu'une seule citoyenneté et ce NFT comptera pour un vote. Un NFT = Une voix, comme dans de nombreux pays où se déroulent des élections.

Les citoyens de l'île de Satoshi ont le droit de vivre et de travailler en permanence sur l'île. La citoyenneté permet également au titulaire d'accéder à un logement à long terme, à des tarifs inférieurs non disponibles pour les visiteurs à court terme.

Seuls 21 000 NFT de la citoyenneté de l'île de Satoshi seront créés dans un premier temps. Les NFT seront publiés dans des collections, la première édition des citoyennetés devant être accordée via airdrop aux premiers partisans du projet. Des collections supplémentaires de NFT de citoyenneté seront publiées à une date ultérieure.

Comment devenir citoyen de Satoshi Island?

Pour devenir un citoyen de Satoshi Island, il faut avoir un compte Twitter actif avec au moins 21 abonnés, suivre @satoshiisland et suivre d'autres comptes Twitter liés à la cryptomonnaie. Pour postuler, vous devrez tweeter votre candidature et vous assurer qu'elle reste sur votre page le temps d'un processus de vérification.

Il faudra également que vous soyez un membre actif de la communauté NFT. En effet votre adresse de portefeuille NFT que vous présenterez doit avoir enregistré une transaction sur OpenSea au cours des 12 derniers mois.

Enfin, vous devrez fournir une adresse de portefeuille Ethereum valide.

Une énième idée pour un énième flop?

Si l'idée de Satoshi Island tient la route, puisque les travaux ont effectivement commencé sur l'île située au large du Vanuatu, il n'en demeure pas moins qu'elle pourrait faire facilement pschit.

En effet, d'autres idées de ce genre ont déjà émergé par le passé et ont toutes fini en flop.

C'est par exemple le cas de "CryptoLand" aux Fidji qui était supposée devenir la première île basée sur la cryptomonnaie. Ayant pris du plomb dans l'aile, le projet a été transposé au Metaverse et mis physiquement en Stand-by. Créé par Helena Lopez et Max Olivier, CryptoLand a connu de nombreux détracteurs et certaines enquêtes ont même fait été d'arnaque. En effet, l'île supposée achetée pour le projet aux Fidji appartenait toujours à l'Etat en question et n'a pas été officiellement vendue. Plus encore, le financement du projet a fait l'objet de nombreuses enquêtes journalistiques mettant en avant un caractère douteux de la provenance des fonds qui n'existeraient peut-être pas. Bref un flop qui a suivi celui du M.S Satoshi, un navire supposé être le Nouvel Eldorado de la blockchain.

En effet, lancé aux larges du Panama, ce bateau de croisière devait devenir une maison flottante pour la communauté Bitcoin, capable d'accueillir et d'être un lieu de vie pour la communauté avec ses chambres, ses espaces de travail, ses bars et restaurants. Bref une "ville" sur mer dédiée à la blockchain. Mais malgré un onéreux investissement pour acquérir le navire, le projet tombe à l'eau faute de compagnies d'assurances voulant l'assurer. Un autre grand flop.

Enfin, sur le continent africain, l'idée d'une ville dédiée à la cryptomonnaie a été lancée par le rappeur américain d'origine sénégalaise Akon. Lancée en grande pompe, "Akon City" devait être la première Smart City africaine basée sur l'Akoin, une cryptomonnaie supposée envahir toute l'Afrique. Malgré l'accord du gouvernement sénégalais pour ce projet, rien à l'horizon plus de 2 ans après. Cela a même fait tilter quelques représentants locaux, qui ont évoqué une "arnaque". En attendant, le rappeur se défend, expliquant un retard à l'allumage et un projet supposé voir le jour dans 10 ans. En attendant, il a également annoncé la création d'une autre "Akon City" en Ouganda.