L’année 2020 aura représenté un record en matière d’investissements dans l'écosystème des startups technologiques africaines: plus de startups parviennent à collecter de l'argent, auprès de plus d'investisseurs qu’auparavant. C’est ce qu’indique la sixième édition du rapport annuel sur le financement des startups technologiques africaines publié par le portail de nouvelles et de recherche sur les startups Disrupt Africa, et qui est pour la première fois disponible gratuitement pour tous dans le cadre d'une initiative open-sourcing lancée en partenariat avec Catalyst Fund, RTB House, Quona Capital, 4Di Capital, Villgro Africa, Lateral Capital et Otundi Ventures.
Des chiffres en hausse vertigineuse
Le rapport note que de nouveaux records de financement ont été constatés au cours de l’année 2020, pourtant considérée l’une des pires années pour l’économie mondiale! Ainsi 397 startups ont-elles levé un montant total impressionnant de 701,5 millions de dollars américains. Ces deux chiffres sont en forte hausse par rapport à l'année précédente, le nombre de startups financées augmentant de 27,7% par rapport à 2019 et le financement total augmentant de 42,7%, explique le rapport.
Bien que la croissance ait un peu ralenti, les chiffres représentent une croissance impressionnante malgré la pandémie de la Covid-19, et signifient que l'écosystème des startups technologiques africaines continue sur sa trajectoire positive du point de vue de l’obtention de financements. L'édition de cette année du rapport note également au moins 370 investisseurs actifs, soit une croissance de 42,8% par rapport à l'année précédente. Le chiffre de l’année 2019 représentait déjà une augmentation de 68,4% par rapport aux 155 investisseurs que Disrupt Africa avait comptabilisés en 2018.
Le Kenya: Leader de l’Afrique en matière de capitaux levés
Le Kenya, le Nigéria, l'Afrique du Sud et l'Egypte restent incontestablement les "quatre grands" de l'Afrique du point de vue du financement, représentant 77% des startups financées et 89,2% de l'investissement total. Le Nigéria (85 startups financées), l'Egypte (82) et l'Afrique du Sud (81) ouvrent la voie du point de vue des entreprises. La Tunisie en compte pour sa part 14. Mais en ce qui concerne le total combiné des capitaux levés, c'est le Kenya qui est le chef incontesté de l'Afrique: ce pays d'Afrique de l'Est affiche ainsi 191 millions de dollars de financement levés en 2020.

Bien que ces marchés restent clairement des leaders, il y a des signes d'activité croissante ailleurs sur le continent, avec des startups soutenues dans 24 pays africains, contre 19 en 2019, 20 en 2018 et 18 en 2017. Le secteur de la technologie financière était, encore une fois, le plus attrayant pour les investisseurs en 2020, avec plus de startups obtenant un financement que tout autre secteur et un total combiné qui éclipsait tous les autres.
Au total, 99 startups de fintech ont levé des investissements au cours de l'année et le montant combiné levé par les sociétés de fintech en 2020 a bondi de 49,3%, passant à 160 millions de dollars américains. Cependant, la croissance des investissements dans les fintech ralentit dans une certaine mesure, quand d'autres secteurs connaissent une embellie impressionnante, notamment le commerce électronique et la technologie de détail, la santé en ligne, la logistique, l'énergie, le recrutement et les ressources humaines, les transports et l'agro-technologie.
Progrès "notables" en Tunisie
Les perspectives de financement des startups en Tunisie ont fait des progrès notables en 2020, écrit le rapport, avec 14 startups levant des investissements cette année, dont GOMYCODE. C'est une augmentation de 75% par rapport à 2019, alors que seules huit startups avaient alors réussi à lever des fonds. Auparavant, trois startups obtenaient des fonds chaque année entre 2016 et 2018. Zéro en 2015. "Ainsi, globalement, le pays affiche nettement plus d'activité au fil des années", souligne Disrupt Africa.

Le montant total des liquidités levées s'est élevé à 3,8 millions de dollars américains, soit une diminution substantielle de 50,1% par rapport aux 7,7 millions de dollars obtenus en 2019. Cependant, cette année-là, 7 millions de dollars ont été collectés par la seule entreprise Instadeep, soit 90% du total. En 2020, aucun cycle de ce type n'a biaisé le résultat, mais plutôt une répartition plus équitable des financements allant à 14 entreprises différentes, ce qui est bien plus avantageux pour l’écosystème. La seule startup à avoir levé plus d’un million de dollars est l'entreprise de transport IntiGo, avec 1,3 million de dollars. Au-delà de cela, les transactions variaient entre 65 000 et 850 000 dollars américains. "Une saine répartition", estiment les auteurs du rapport.
Huit des 14 startups à avoir pu lever des financements ont été soutenues par le programme d'amorçage et le fonds de démarrage Flat6Labs, tandis que les autres investissements ont été menés par Kepple Africa Ventures et Orange Ventures Africa. "Un certain nombre d'investisseurs providentiels étaient également actifs", pointe le rapport.

Concernant les secteurs d’activité, la plus grande ronde de financement de l'année revient au secteur des transports, tandis que le deuxième montant a été obtenu par une ed-tech spécialisée dans la formation aux technologies les plus récentes et aux métiers du futur, en l'occurence GOMYCODE. Deux accords concernaient les ed-tech, et deux autres le commerce électronique et le retail-tech. D'une manière générale, il est trop tôt pour rechercher des tendances ou des thèmes dans les préférences des investisseurs en Tunisie, car "de manière réaliste, les investisseurs soutiennent simplement les bonnes idées au fur et à mesure qu'elles se présentent".

Un rapport désormais accessible à tous
La croissance du financement observée dans les écosystèmes technologiques du continent en 2020 est extrêmement forte, et d'autant plus impressionnante compte tenu des circonstances catastrophiques de l'année du Covid-19 et de ses nombreuses implications. "Alors que le financement des startups africaines dépasse pour la première fois la barre des 700 millions de dollars et que de plus en plus d'investisseurs injectent de l'argent dans plus de marchés que jamais auparavant, il n'y a aucun signe de ralentissement du secteur", a ainsi expliqué Gabriella Mulligan, cofondatrice de Disrupt Africa.
Dans ce contexte de montée en puissance des initiatives et des talents, ce rapport annuel entend devenir accessible à tous. Auparavant disponible à la vente, le rapport sur le financement des startups technologiques en Afrique a été acheté chaque année par des sociétés technologiques de premier plan en Afrique et dans le reste du monde, des cabinets de conseil, des leaders bancaires et fintech, des sociétés de capital-risque, des investisseurs supranationaux et des organismes commerciaux internationaux. Mais cette année, Disrupt Africa a fait le choix de le rendre disponible gratuitement, pour le rendre "accessible à ceux pour qui l'information est la plus précieuse - les entrepreneurs africains", affirme Disrupt Africa. "Davantage de données [pourront être] disponibles pour tous, gratuitement. De cette façon, chaque fondateur et investisseur peut prendre des décisions éclairées et pousser encore plus loin la croissance des investissements", a pour sa part déclaré Marek Zmysłowski, directeur général pour l'Afrique chez RTB House. Alors que l'écosystème technologique africain continue de croître, la disponibilité de données fiables et la possibilité pour tous d’y accéder sont en effet devenues cruciales. L’initiative signifie ainsi qu'une meilleure information est accessible à tous les entrepreneurs et aspirants entrepreneurs, quels que soient leur emplacement ou leurs moyens.