Une année nous sépare de l’annonce des premiers cas dans les quatre coins du monde. Le coronavirus a clairement changé notre mode de vie. Confinement, distanciation physique, télétravail… l’humain se terre chez lui pour survivre. Les méfaits sur l’économie n’ont pas attendu longtemps avant de commencer à s’imposer. Destruction de richesses, désinvestissements et dépôts de bilan ont fait la Une des journaux aux côtés des nombres de cas. Maintenant que les cures et les vaccins se multiplient dans le monde, il y a lieu de se demander à quoi ressemblera la vie post Covid-19.
Des millions de personnes ont connu le chagrin de la perte de quelqu’un face au virus. Une étude récente menée par des chercheurs de l'Université Penn State a révélé que chaque personne qui meurt du Covid-19 laisse neuf autres en deuil de leur perte. De plus, des milliers de personnes qui se sont rétablies de leurs infections vivent avec des symptômes qui ne semblent pas disparaître.
Cependant, si le tableau semble sombre, il existe des raisons d'espérer.
Catalyseur du digital
Les entreprises ont pris la voie de la digitalisation, du moins pour la majorité, tandis que d’autres freinent les investissements en guise de resserrement de ceinture. L'arrêt des efforts d'innovation numérique en cas de crise compromettra considérablement la santé globale des entreprises. Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, la crise est le moment idéal pour miser sur la transformation numérique.
De nombreuses entreprises sont naturellement réticentes à desserrer les cordons de la bourse dans l'environnement actuel d'incertitude. Bien que la transformation numérique soit souvent considérée comme un investissement initial massif dans des résultats à long terme, elle n'a pas besoin de l'être.
De plus, les entreprises recoupant leurs dépenses avec des licenciements au lieu de se focaliser sur les gains de productivités et les améliorations de produits grâce au digital n’ont que 11% de chances de réaliser une performance de contrebalance pour atténuer ne serait-ce qu’un peu les effets de la crise sanitaire selon le Harvard Business Review.
En effet, la réinvention de l’entreprise n’est pas toujours un choix. Les sociétés pétrolières et gazières et les services sont parmi les secteurs qui ont été les plus durement touchés. Pour éviter des pertes de revenus catastrophiques, ces entreprises n'ont d'autre choix que de se concentrer sur les canaux numériques existants de leur entreprise ou de faire un pivot plus important vers un modèle commercial numérique. Mais encore une fois, il y a une lueur d’espoir: les innovations qui sont faites par nécessité pourraient devenir des piliers durables de l'entreprise qui l'aideront à prospérer bien au-delà de la pandémie.
Et on en voit déjà le résultat dans certains pays où les entreprises qui ont pris au plus tôt le virage numérique recouvrent aujourd'hui leurs moyens.
Quel avenir pour les startups tunisiennes ?
Le coup de grâce a été bel et bien été porté à l’économie tunisienne. Déjà coincée dans un terrain marécageux et morose, le coronavirus n’a fait que rajouter une couche a un tissu économique composé dans sa grande partie de petites et moyennes entreprises. Douja Gharbi, directrice de Redstart Tunisie, un accélérateur de startups s’est penchée sur la question des jeunes pousses et de leur avenir.
D’après ce qu’elle avance, il y a des startups qui ont été créée en 2020 et 2021. La crise sanitaire a en effet créé plusieurs opportunités. "Elles ne sont peut-être pas en milliers mais la Covid-19 a démontré que nous avons besoin constamment d'innovation. Il y a eu des concours pour que les jeunes proposent leurs solutions pour contrer la pandémie. J'ai vu des startups réussir pendant la crise sanitaire. Ceci ne veut pas dire que la conjoncture économique est bonne mais c'est toujours un pas en avant" a-t-elle indiqué.
Question innovation, elle a déclaré que même les PME doivent innover et les startups doivent apporter leurs solutions d'innovation pour ces entreprises. Des startups sont toujours là entrain d'innover et la dynamique de création de richesse n’a pas été arrêtée. Néanmoins, la Covid-19 l'a freiné un peu.
"Plusieurs startups se sont adaptées à la Covid-19. Elles ont eu l'agilité d'adapter leurs business models vers un terrain qui donne du résultat et qui démontre de l'efficacité en temps de crise" assène Douja Gharbi. Même si le présentiel est toujours "mieux dans certains esprits" et que les affaires nécessitent des rencontres et des déplacements, les entrepreneurs ont réussi cette étape grâce à la digitalisation.
"Il faut une prise de conscience de la part des PME. L'on ne peut pas faire des affaires comme on avait l'habitude de le faire avant la crise. Il faut absolument penser à la digitalisation. Même la façon de gérer une entreprise change. Elles doivent comprendre que la digitalisation est très importante" recommande la directrice de Redstart.
Même si parfois, il est impossible de numériser pour certains secteurs, comme le tourisme. Des améliorations peuvent néanmoins être faites grâce au digital. Ce qu’il faut c’est offrir une accessibilité de la technologie pour toutes les entreprises. Mais aussi, il faut former aux nouvelles technologies et montrer que même avec la crise on peut garder nos performances.
Il va sans dire que l'entrepreneur ne peut réussir s’il est seul. "L'interconnexion entre les PME, les startups, les structures financières est impératif. L'écosystème doit s'assurer que toutes les parties prenantes de l'entrepreneuriat en Tunisie doivent communiquer et être en étroite collaboration pour assurer une continuité de l'activité économique" a-t-elle soutenu.
L'écosystème doit être là pour accompagner les startups et les PME dans l'amélioration et le changement. S’il ne s'assure pas de la bonne santé économique des parties prenantes, le système peut s'écrouler. L’on doit lui reconnaitre la résilience et la pugnacité.
"On se serre les coudes. Il y a eu plusieurs crises politiques dans notre pays mais l'entrepreneuriat continue son essor en Tunisie. Les leçons passées ont fait que l'écosystème tunisien est devenu une bulle qui travaille quand bien même il y a de l'instabilité. Une crise sanitaire n'aura pas plus d'effets que la crise politique si notre système a montré sa résilience" a-t-elle ajouté.
Toutefois, il n'était pas plus facile de créer une entreprise en Tunisie en 2020. "La création d'entreprise est plus longue que 10 ans en arrière. Maintenant ça prend des mois malgré les facilitations" regrette Douja Gharbi. C'est un appel clair et net. L'administration doit être plus souple et éliminer les entraves. Et de conclure: "Plusieurs lois sont en faveur des entrepreneurs et on a toutes les lois qu'il faut
mais c’est l'application qui fait défaut".
2021 sera l'année de la transition. À moins de catastrophes inattendues, les individus, les entreprises et la société peuvent commencer à se réjouir de façonner leur avenir plutôt que de se contenter de traverser le présent. Ce qui nous semblait normal, sera à l'avenir différent. Cela ne signifie pas revenir aux conditions qui prévalaient en 2019. Il y aura assurément un pré-COVID-19 et un après-COVID-19.
La Tech de plus en plus omniprésente
Il n'y aura pas de retour en arrière. La grande accélération de l'utilisation de la technologie, de la numérisation et des nouvelles formes de travail va se poursuivre.
Cependant estiment McKinsey, il faudrait plusieurs années pour avoir une tendance globale certaine. "Il convient de noter que la productivité des États-Unis au troisième trimestre de 2020 a augmenté de 4,6%, après une augmentation de 10,6% au deuxième trimestre, ce qui est la plus grande amélioration sur six mois depuis 1965", et ce grâce à l'accélération technologique opérée par les entreprises.
Dans le passé, il a fallu une décennie ou plus pour que les technologies révolutionnaires deviennent des moteurs de productivité. La crise du COVID-19 a accéléré cette transition dans des domaines tels que l'IA et la numérisation de plusieurs années, et encore plus rapidement en Asie. Une enquête McKinsey publiée en octobre 2020 a révélé que les entreprises sont trois fois plus susceptibles qu'elles ne l'étaient avant la crise de mener au moins 80% de leurs interactions clients par voie numérique.
Le monde du travail changera
Avant la crise du COVID-19, l'idée du travail à distance existait mais ne progressait pas très vite. Mais la pandémie a changé la donne, avec des dizaines de millions de personnes passant au travail à domicile, essentiellement du jour au lendemain, dans un large éventail d'industries.
Avant la crise du COVID-19, l'idée du travail à distance était dans l'air mais ne progressait pas très loin ni très vite. Mais la pandémie a changé la donne, avec des dizaines de millions de personnes passant au travail à domicile, essentiellement du jour au lendemain, dans un large éventail d'industries. Par exemple, selon Michael Fisher, président-directeur général du Cincinnati Children's Hospital Medical Center, il y a eu 2000 visites de télésanté enregistrées dans l'organisation en 2019 - et 5000 par semaine en juillet 2020.19 Fisher pense que la télésanté pourrait représenter 30% de tous les soins de santé visites à l’avenir. Au Japon, moins de 1000 établissements offraient des soins à distance en 2018; en juillet 2020, plus de 16 000 l'ont fait.
Le McKinsey Global Institute estime que plus de 20% de la main-d’œuvre mondiale (la plupart occupant des emplois hautement qualifiés dans des secteurs tels que la finance, l’assurance et l’informatique) pourrait travailler la majorité de son temps loin du bureau - et être tout aussi efficace.
Cela se produit non seulement à cause de la crise du COVID-19, mais aussi parce que les progrès de l'automatisation et de la numérisation l'ont rendu possible; l'utilisation de ces technologies s'est accélérée pendant la pandémie. Le PDG de Microsoft, Satya Nadella, a déclaré en avril 2020 que "nous avons assisté à deux ans de transformation numérique en deux mois".
Selon McKinsey, il y a deux défis importants liés à la transition vers le travail en dehors du bureau. La première consiste à décider du rôle du bureau lui-même, qui est le centre traditionnel de création de culture et de sentiment d'appartenance à l'entreprise.
Les entreprises devront prendre des décisions sur tout: l'immobilier (avons-nous besoin de ce bâtiment, de ce bureau ou de cet étage?), la conception du lieu de travail (combien d'espace entre les bureaux?), la formation et le développement professionnel (existe-t-il une telle chose? Comment gérer cela à distance?)...
L'autre défi concerne l'adaptation de la main-d'œuvre aux exigences de l'automatisation, de la numérisation et d'autres technologies. Ce n’est pas seulement le cas pour des secteurs tels que la banque et les télécommunications; il s’agit plutôt d’un défi à tous les niveaux, même dans les secteurs non associés au travail à distance. Par exemple, les grands détaillants automatisent de plus en plus la caisse. Si les vendeurs veulent conserver leur emploi, ils devront acquérir de nouvelles compétences. En 2018, le Forum économique mondial a estimé que plus de la moitié des employés auraient besoin de se requalifier ou de se perfectionner considérablement d'ici 2022.
Les preuves montrent que les avantages de requalifier le personnel actuel, plutôt que de les laisser partir et de trouver de nouvelles personnes, coûtent généralement moins cher et apportent des avantages qui l'emportent sur les coûts. Investir dans les employés peut également favoriser la fidélité, la satisfaction des clients et une perception positive de la marque note McKinsey.
Le développement de la main-d'œuvre était une priorité avant même la pandémie. Dans une enquête McKinsey menée en mai 2019, près de 90% des dirigeants et des managers interrogés ont déclaré que leur entreprise faisait face à des lacunes de compétences ou attendait de faire augmenter en compétence son personnel cours des cinq prochaines années.
Une requalification réussie commence par la connaissance des compétences nécessaires, aujourd'hui et dans un proche avenir; à offrir des opportunités d'apprentissage sur mesure; et évaluer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Peut-être plus important encore, cela nécessite un engagement des dirigeants de l'entreprise qui doivent inculquer une culture d'apprentissage tout au long de la vie de l'employé au sein de l'entreprise.
La consommation explosera
Après chaque cycle de difficultés économiques, la consommation explose. Entre privation et frustration à cause du Covid-19, et une fois que la confiance sera revenue, des secteurs entiers verront une forte hausse de la demande: Culture, mode, restauration... Toutes les entreprises de services jouant un rôle communautaire seront très largement demandées estiment les spécialistes.
Bien sûr l'évolution rapide et en continue de la Tech feront des objets ou outils tech des biens consommés en abondance.
Une vague d'innovations et de nouveaux entrepreneurs
Comme souligné par Douja Gharbi précédemment pour la Tunisie, le monde aussi connaîtra une vague d'innovations et de nouveaux entrepreneurs.
Pendant la crise du COVID-19, la numérisation -c'est-à-dire tout, du service client en ligne au travail à distance en passant par la réinvention de la chaîne d'approvisionnement, l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) et l'apprentissage automatique pour améliorer les opérations- a connu un boom énorme. Les soins de santé, eux aussi, ont considérablement changé, la e-santé et la biopharmacie devenant même de plus en plus imposants.
La perturbation crée un espace pour les entrepreneurs - et c’est ce qui se passe aux États-Unis, en particulier, mais aussi dans d’autres grandes économies explique McKinsey, géant américain du conseil.
"Nous admettons que nous n’avons pas vu cela venir. Après tout, pendant la crise financière de 2008–09, la formation de petites entreprises a diminué et n'a augmenté que légèrement pendant les récessions de 2001 et 1990–91. Cette fois, cependant, il y a un véritable flot de nouvelles petites entreprises. Rien qu'au troisième trimestre de 2020, il y avait plus de 1,5 million de nouvelles applications commerciales aux États-Unis, soit près du double du chiffre de la même période en 2019" explique le cabinet.
Si beaucoup de ces entreprises sont gérées par une seule personne et pourraient bien rester ainsi comme par exemple le chef cuisinier devenu traiteur ou au récent diplômé d'université qui créé une application, il est curieux de voir le volume des "applications professionnelles à forte propension" (celles qui sont les plus susceptibles de se transformer en entreprises) ait également fortement augmenté, de plus de 50% par rapport à 2019 note McKinsey.
L'Allemagne a également connu une augmentation de nouvelles entreprises par rapport à 2019; idem pour le Japon. Le nombre de nouvelles entreprises enregistrées au Royaume-Uni durant le troisième trimestre de 2020 a augmenté de 30% par rapport à 2019, affichant la plus forte augmentation depuis 2012.
Cela ne doit pas occulter que de très nombreuses Petites Entreprises ont également mis la clé sous la porte durant cette crise mais la tendance positive est belle et bien là et pourrait bien augurer une croissance de l'emploi et de l'activité économique une fois que la reprise s'installe.
Une reprise...qui mettra du temps
Les experts étudieront les impacts de cette période sur nos vies pendant des années, voire des décennies. À court terme, au moins, il est clair que la pandémie a été un événement sismique, même pour les personnes qui ont réussi à ne pas attraper le virus.
"Le fait est que c'est un événement qui change la vie. Je ne parle pas seulement de nous personnellement. Je veux dire pour la planète. Et il va falloir longtemps avant que les choses reviennent à ce que nous imaginons est normal" déclare Irwin Redlener, un médecin qui dirige l'initiative de ressources et d'intervention en cas de pandémie à l'Université Columbia à New York.
Quand reviendrons-nous à une vie normale? Dans certains aspects, jamais. "Nous ne verrons pas de notre vivant - la plupart d'entre nous - un retour total à un environnement où nous ne nous inquiétons pas, vous savez, de nouvelles infections" dit-il.
Plusieurs experts se mettent d’accord que les effets de la crise resteront avec l’humanité pendant longtemps. "Cela aura un effet d'entraînement sur les personnes tout au long de leur vie" déclare David Abramson, professeur agrégé de clinique à la School of Global Public Health de l'Université de New York, qui étudie comment les gens se remettent des catastrophes.
Il a passé la majeure partie des deux dernières décennies à étudier comment les survivants de l'ouragan Katrina ont reconstruit leur vie après cet événement, qui a entraîné le plus grand déplacement d'Américains au cours des 150 dernières années.
Certes, la reprise après une pandémie sera différente de celle d'une catastrophe naturelle comme un ouragan. Mais Abramson pense qu'il y aura des parallèles importants. La bonne nouvelle, c'est que subjectivement, les gens ont finalement eu l'impression d'avoir rebondi de la catastrophe naturelle. Il a cependant fallu beaucoup de temps. Environ 13 ans avant qu'ils se sentent guéris de cet évènement.
Abramson dit qu'il s'inquiète le plus des personnes qui ont quitté le marché du travail. Ils peuvent trouver un autre travail, mais ses recherches ont révélé qu'il est très difficile pour les personnes qui ont été mises sur la touche de reprendre le même chemin de vie.
Les élèves plus jeunes peuvent perdre des éléments essentiels de l’éducation. Des enquêtes auprès de parents allemands sur les activités éducatives de leurs enfants pendant les fermetures d'écoles montrent que le temps que les enfants consacrent aux activités éducatives pendant la journée a diminué d'environ la moitié, passant de 7,4 heures à 3,6 heures.
Un rapport récent de l'Organisation à but non lucratif de coopération et de développement économiques suggère que ces pertes d'apprentissage auront des effets financiers. Les élèves de la première à la 12e année gagneront environ 3% de moins au cours de leur vie en raison des fermetures d'écoles.
C'est pourquoi il sera nécessaire à ces générations de s'atteler dès à présent à une requalification dans les métiers de la tech et à penser à une reconversion professionnelle, véritable moyen de sortie de crise.
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