L’idéation est, certes, une étape critique dans le lancement de votre start-up, mais sa concrétisation n’est une phase à prendre à la légère. Vous devez penser à bien vous entourer, à perfectionner votre produit, à croître et à gérer votre entreprise en quotidien.

Dans cet article je vais justement vous parler d’équipe, de produit et d’exécution.

Je tiens d’abord à vous présenter le graphique en bas de ce paragraphe. Ces chiffres sont assez parlants. Ils montrent clairement que parmi les raisons principales de l’échec des entreprises, il y a :

– L’absence de besoin sur le marché ⇒ On en a déjà parlé dans la phase d’idéation

– Le manque de liquidité

– Le mauvais choix de l’équipe

– Le dépassement par la concurrence

– Produit de mauvaise qualité

⇒C’est sur cette base que j’ai sélectionné les points dont je vais parler dans cet article.

On parlera surtout de l’exécution, vu qu’elle englobe presque tous les aspects. Mais nous allons commencer par un passage rapide par les parties produits et équipe.

I. Évitez les “break-ups”

Les séparations des co-fondateurs sont une cause fréquente de l’échec de plusieurs start-up.

Vous voulez des personnes que vous connaissez, à l’esprit entrepreneuriale et convaincus de la vision de votre start-up et de ses valeurs, pour pouvoir les pitcher.

Pensez à choisir une personne de confiance à qui vous pouvez confier la gestion de votre entreprise en cas d’absence.

II. Misez sur la qualité

Comme je vous l’ai dit dans l’article précédent, il faut penser à créer un produit qui répond à un besoin, mais pas que ! …

Il faut aussi que votre produit, ou service, soit apprécié par vos clients, de point de vue qualité, facilité d’utilisation et durabilité…

Comment savoir si votre produit satisfait ces critères ?

Il faut parler à vos utilisateurs, prendre leurs feed-backs en considération et changer le produit en fonction de cela.

Les réseaux sociaux, les avis sur Google, les Focus group sont tous des sources d’informations dont vous pouvez tirer les points forts et les points faibles de votre produit.

Vous voulez que votre produit fasse parler de lui. Le bouche à oreille est un des moyens de promotion les plus importants dont vous disposez. Et un client satisfait est le meilleur ambassadeur de la marque.

Finalement un produit de qualité est un avantage concurrentiel important. Les clients ne sont plus très fidèles et ils n’hésitent pas à changer de camp dès qu’ils considèrent trouver mieux ailleurs.

III. Parlons d’exécution

1- La croissance, une manière d’agir et de penser

Facebook, est le meilleur exemple des compagnies qui ont misé grand sur leur croissance et qui ont vu un résultat impressionnant; 500 million d’ utilisateurs, notamment grâce à la création de l’équipe “Growth Team”.

Et pas besoin d’être un géant du web comme Facebook, pour en faire de même.

Prenez le temps de définir votre mesure de croissance, c’est-à-dire ce que vous devez optimiser. Cette mesure doit être facilement calculée, et surtout significative; elle reflète votre état de croissance.

La plupart des “burn-out” ont lieu dans des boites qui stagnent, là où l’effort n’est pas récompensé par une croissance consécutive.

Le cœur de votre activité est vos employés. Si votre équipe voit que vous êtes dans une situation de croissance, ils seront motivés et considéreront cela comme une victoire. Si vous n’évoluez pas, ils seront contrariés par cette “ perte”.

Donc mon conseil pour vous serait de communiquer vos succès à vos employés ! En Tunisie, on évite souvent cela. À vrai dire, je n’ai jamais compris pourquoi ! Si vous êtes en train de réaliser vos objectifs de croissance, mais que cela ne se voit pas, vous créez une atmosphère triste et pessimiste et il n’en découle que la démotivation de tous.

À quoi bon, alors, cacher vos succès à vos propres employés !

Vous devez adopter une logique de croissance dans toutes vos actions. Si vous pensez que mettre un stand dans un événement vous permettra d’avoir plusieurs clients, allez-y. Sinon, ça serait une perte de temps !

Une erreur fréquente que les dirigeants commettent,  est de planifier pour une croissance énorme et impossible à prévoir.

Ne sautez pas les étapes et n’allez pas planifier pour une croissance plus que *10 votre état actuel. Cela peut être un frein pour votre évolution.

Vous serez perdu en possibilités et en hypothèses. Si c’est impossible de prédire à court terme et avec précision l’environnement dans lequel vous exercez, comment allez-vous prévoir ce qui va se passer dans 30 ans !

2- L’attitude d’un CEO

Votre première mission et de garantir que votre entreprise est rentable. Pour ce faire, vous devez fixer la vision, les valeurs et la stratégie de l’entreprise, en convaincre les autres, recruter et gérer les équipes, trouver les moyens de financement.

N’oubliez pas que vous êtes la principale source de directives pour tout le monde. Donc, pensez à être cohérent, transparent, optimiste et réactif.

En tant que CEO, vous ne pouvez pas trouver des excuses. Si une ressource manque, vous trouvez comment l’obtenir ou bien vous faites avec les moyens du bord. Commencez à trouver des prétextes, et tout le monde dans votre boite va s’y mettre.

La dernière recommandation serait d’être persistant. Ne soyez pas de ces CEOs qui dès qu’un produit semble ne pas séduire, passent à autre chose.

Cette attitude n’est pas avantageuse pour votre croissance. Un produit peut ne pas marcher si la cible est mal définie, ou parce qu’un détail mineur doit changer. Si vous abandonnez trop vite, vous passerez peut-être à côté d’une opportunité de croissance importante et vous aurez fourni des efforts pour rien !

On a vu des produits “Flop” devenir des best-sellers après un repositionnement sur le marché ou une redéfinition du client cible.

3- Recrutez les bons profils au bon moment

Je dirai que le recrutement est une étape secondaire. Ne cherchez pas à élargir votre équipe dès le début. Ce sera une charge supplémentaire que vous n’êtes pas en mesure de supporter. Sans mentionner le fait que les profils compétents et souhaitant travailler dans des start-up en phase de lancement ne courent pas les rues…

Une fois capable de recruter, vous devez y accorder la plus grande importance. Choisissez des personnes avec qui vous pouvez travailler, c’est-à-dire dont les valeurs sont compatibles avec celles de votre start-up.

Gardez à l’esprit que la médiocrité est contagieuse. Il suffit d’avoir un élément médiocre pour que toute l’équipe le devienne.

Ne vous contentez pas du “on ne pourra pas trouver mieux”, et ne recrutez quelqu’un que si vous êtes à 100% convaincu de ses compétences, de son aptitude à s’intégrer dans l’équipe et de sa capacité à évoluer.

Pour ce qui est de l’espace de travail de votre équipe, je recommanderais l’open space pour les petites start-up. Vous cherchez à créer un esprit d’équipe et à faire adhérer votre personnel à un système de valeur, un environnement propice à la communication et aux intéractions vous aidera à atteindre cela.

Mais gare à l’open-space mal conçu ! Pollution sonore, malaise et conflits peuvent en être la conséquence . Assurez un minimum de 15 m² à chaque personne.

4- Gare à la concurrence

Les concurrents sont les pires ennemis des start-up. Des concurrents puissants vous posent des barrières à l’entrée souvent infranchissables.

Avec un pouvoir financier important, des clients “fidèles”, des partenaires puissants et un nom de marque reconnu, vos concurrents peuvent facilement vous mettre le bâton dans la roue.

Le pire cauchemar d’une start-up est de se voir, à elle seule, affronter les géants du secteur.

Votre produit et votre capacité à innover sont votre meilleure armure.

Munissez-vous d’un produit de qualité et innovez dans tous vos processus allant de l’approvisionnement à la distribution. Et par dessus tout, n’abandonnez pas facilement. Encaissez les coups durs et ripostez stratégiquement.

Si vous êtes parmi les chanceux qui n’ont pas de concurrents, c’est-à-dire que vous entrez un marché vierge, donner à votre veille concurrentielle l’importance qu’elle mérite. Vous verrez en Tunisie, une fois que vous commencez à faire des profits, des centaines d’autres “entrepreneurs” se mettront à vous copier.

5- La rentabilité pour survivre

C’est le premier ratio que regardent vos investisseurs; votre ratio de rentabilité.

Le prix de votre produit ne se fixe pas sur un coup de tête. Vous devez faire une étude de coût au millime près, en n’oubliant aucune charge.

L’évaluation des charges fixes et variables, le calcul des écarts sur charges indirectes et des différents ratios n’est pas évident.

Si vous ne maîtrisez pas cela, aidez-vous d’un professionnel.

Garder un oeil sur votre cash-flow. On en a vu des start-up qui mettent la clé sous la porte faute d’avoir contrôlé leur flux de trésorerie.

En parlant de rentabilité et d’argent, je voudrais juste évoquer les fameuses levées de fonds. Je vois plusieurs entrepreneurs qui cherchent à décrocher des fonds alors que leurs entreprises ne sont pas encore en état d’attirer les investisseurs.

Certes, il a des investisseurs qui sont amateurs de risque, mais ça ne veut pas dire qu’il vont parier sur des start-up qui ont encore du mal à définir leur produit ou à se créer une place sur le marché.

Un autre conseil serait de ne faire appel aux levées de fonds qu’en cas de besoin ( expansion, nouveau produit, d’investissement…). Il est préférable de garder un maximum d’indépendance financière.

Je pense qu’on a fait le tour des différents aspects de la création et de la gestion d’une start-up. Mon dernier conseil pour vous serait de vous lancer et de ne pas avoir peur du risque. Un entrepreneur est un amateur de risque par défaut. Et puis, plus risqué est un pari, plus important est le gain.