La Silicon Valley est une région de la baie de San Francisco, aux États-Unis, qui abrite le pôle des industries de pointe, spécialisées dans la nanotechnologie, les logiciels, les services Internet, à l’instar de Google. Elle regroupe actuellement plus de 2 millions d’habitants, pour un PIB équivalent à des pays comme le Chili, par exemple.

Riche de part son côté innovant, et par la structure des bâtiments d’entreprises, le niveau de vie de la Silicon Valley est extrêmement élevé, mais pourtant assez inégal: c’est une région où seuls 26% des foyers ont un pouvoir d'achat suffisant pour devenir propriétaires.

De plus en plus, la région soulève des problèmes du point de vue de la ségrégation raciale, une tendance vers l’augmentation de la délinquance juvénile et la baisse du nombre de diplômés. Qu’en est-il alors des réels problèmes sociaux que la Silicon Valley contribue à créer?

Au quotidien: Une augmentation du prix des loyers, une baisse de la qualité de vie

La Silicon Valley emploie une variété de fonctionnaires, au niveau administratif et technique, pour les secrétariats, cabinets de comptables, employés, etc..

Néanmoins, un bon nombre de ces personnes sont sous-payées et se trouvent dans l’impasse pour répondre à leurs besoins alimentaires ou simplement pour payer leurs loyers. Actuellement, il faudrait environ quatre salaires médians pour pouvoir vivre convenablement dans les environs de la Silicon Valley, puisqu’un appartement une pièce à San Francisco coûte environ 3500 dollars par mois.

Le prix médian d’une maison de quartier à San Francisco est aujourd’hui de plus d’un million de dollars, ce qui représente une augmentation des prix de plus de 70% en seulement cinq ans, pour des salaires qui restent toujours les mêmes.

Par conséquent, la ville a enregistré une hausse de 64% de SDF en une décennie, et un phénomène de gentrification difficilement contrôlable. La gentrification créé peu à peu un sentiment “anti-tech” au sein de la population, poussant les habitants de la baie à des conflits.

Des quartiers populaires tels que Mission (Sud de San Francisco) deviennent prisés par les employés aisés des startups pour leurs  proximités avec la Silicon Valley, ce qui a aussi accéléré les expulsions de dizaines de famille précaires depuis quelques années.

Scandales de désinformation et bras de fers avec la restauration

La Silicon Valley a d’abord reçu un bon nombre de critiques pour son manque de diversité et ses pratiques discriminatoires. De plus, le journal The Guardian a mené son enquête pour révéler de nombreux scandales au sein de la Silicon Valley tels que la coopération d’Amazon avec des départements de police pour créer un système de surveillance ou encore des réseaux sociaux tels que Facebook qui amplifie les effets de la désinformation concernant les groupes “anti-vax”. En effet, les membres de Facebook se retrouvent souvent confrontés à des posts de propagande qui louent les bénéfices de l’anti-vaccination. Par conséquent, Facebook a réagi en interdisant le contenu qui viole les standards de communauté du réseau social, et en essayant de multiplier les sources éducationnelles sur le sujet. Pourtant, les mesures prises ont été vues comme peu utiles et pas assez drastiques pour les conséquences qu’une simple recherche sur le mouvement anti-vax peut entrainer.

Un autre challenge posé par la Silicon Valley est qu’un bon nombre de restaurateurs ont vu leurs commerces en déclin rapide. Le fait que les startups et entreprises tech installent leurs propres cantines -généralement gratuites- ont fait que les restaurants n’avaient plus autant d’attraits pour les "techies".

La ville de San Francisco a alors essayé d’agir, notamment a travers la Golden Gate Restaurant Association (GGRA), qui a pris des mesures pour contrer l’effondrement des restaurants situés dans les quartiers voisins des boîtes de la tech.

Finalement, les efforts ont payé puisqu’à Mountain View, ville où Facebook compte ouvrir ses nouveaux locaux, l’entreprise ne pourra finalement pas proposer de cantine gratuite pour les employés. Plusieurs solutions ont été proposées afin de contrer ce genre de problème et ont été articulés dans le livre "The Code: Silicon Valley and the Remaking of America" par Margaret O’Mara.

Elle propose une délimitation des pouvoirs des corporations, et l’inclusion de mesures pour réduire les inégalités, soutenir les petits commerces, et une régulation des loyers, à travers une augmentation de l’impôt sur le revenu par exemple.

De nos jours, la Silicon Valley fait face à de nombreux challenges tels que la mauvaise publicité, mais surtout la concurrence de nouveaux pôles Tech, tels que l'Inde et principalement la ville de Bangalore. Un bon nombre d’entreprises ont décidé de s’y installer et de déplacer leurs centres d’appels dans cette région, pour une meilleure rentabilité au niveau de leurs services, amenant la Silicon Valley à repenser son mode de fonctionnement pour reprendre un nouveau souffle, et pour être toujours reconnue comme le pôle technologique par excellence par le grand public.

Tout n'est pas si gris

Si la Silicon Valley souffre de nombreux maux, il n'en demeure pas moi qu'il reste le pôle technologique par excellence, et la crise du Covid-19 pourrait venir balayer ces maux.

En effet, les géants de la régions avaient déjà adapter le télétravail, deux semaines avant la décision du gouverneur de la Californie de l'adopter. Mieux encore, ceux-ci continueront à travailler en télétravail jusqu'à 2021 entrainant de nouveaux modes de recrutement et faisant du télétravail une norme.

Cette décision a eu un impact significatif sur la baisse des loyers dans la région. Une baisse sans précédent jamais vue depuis 7 ans, comprise entre 7 et 16%. Selon les spécialistes de l'immobilier, cette baisse s'explique principalement par la décision de recourir au télétravail. En effet, les salariés de la Silicon Valley ont décidé d'aller habiter plus loin pour moins cher, car bien que les prix aient baissé, ils restent les plus chers du pays avec un prix moyen de 3000 euros par mois.

Au delà de la situation à l'intérieur même de la Silicon Valley, les réponses apportées au Covid-19 par les entreprises tech de la région lui permettent d'être toujours à l'avant-garde et d'être dans l'esprit du public le pôle technologique par excellence...et cela n'est pas encore prêt de changer.