Alors que le Covid-19 (nom exact donné au Coronavirus) continue de se propager dans le monde, l’intelligence artificielle a non seulement prévu une telle épidémie mais peut surtout présenter une réponse concrète contre ces maladies qui se répandent rapidement.

Explications.

Quand l’Intelligence artificielle prévoyait une épidémie de coronavirus

Si tout a commencé à Wuhan en Chine en décembre 2019, une startup se situant 11 635 km de là, à Toronto au Canada, avait déjà prévu que cette maladie allait se répandre rapidement sur l’ensemble de la planète.

BlueDot, une startup située sur les bords du lac Ontario au Canada, avait envoyé dès le 31 décembre dernier, une alerte à ses clients sur les risques de propagation du coronavirus, alors circonscrit dans la ville chinoise, prévoyant exactement dans quels pays le virus allait se propager dans les jours à venir.

Comment BlueDot a pu prédire cela? Grâce à un algorithme répertoriant quotidiennement les articles de presse et les données du trafic aérien. Le but? Détecter la présence éventuelle du virus grâce à la presse et prévoir les risques de propagation grâce aux connexions aériennes.

“Ce que nous essayons de faire, c’est de repousser les limites de l’utilisation et l’analyse des données et de la technologie afin d’aller plus vite” affirme à l’AFP, Kamran Khan, le fondateur et PDG de BlueDot. Pour lui, “face à une épidémie, la gestion du temps est essentielle”.

Créée en 2013, BlueDot emploie 40 personnes comprenant des médecins, des vétérinaires, des épidémiologistes, des “data scientists” et des développeurs de logiciels, alliant parfaitement compétences médicales et technologie. L’algorithme développé par cette équipe de choc peut ainsi passer en revue des milliers de données en ligne en cherchant des mots-clés relatifs à 150 types de maladies en 65 langues.

Une fois que l’algorithme repère un risque potentiel, des experts se réunissent pour confirmer que la menace constatée par l’I.A est réelle ou non. Si c’est le cas, une base de données analyse alors les connexions autour du lieu du foyer où se trouve le virus, à travers notamment les aéroports présents, le trafic des voyageurs mais aussi les données climatiques, les capacités sanitaires des pays ou encore la présence d’animaux liés à des maladies humaines connues et envoie des alertes aux utilisateurs.

C’est ainsi que BlueDot a pu prédire un risque d’épidémie du Coronavirus avant tout le monde grâce à deux mots-clés repérés par l’algorithme: “Pneumonie” et “cause inconnue”. “Nous ne savions pas que cela allait devenir une épidémie mondiale mais nous avions reconnu certains ingrédients similaires à ceux qu’on avait vus pendant le Sras” assure Kamran Khan à l’AFP.

L’I.A, une solution contre la propagation du virus

Et si l’Intelligence artificielle représentant une solution pour lutter contre la propagation du virus? Cela pourrait-être possible.

En effet, les autorités russes ont déjà utilisé leur système de vidéosurveillance basé sur la reconnaissance faciale pour surveiller 2500 personnes jugées à risque et placées en quarantaine. Grâce à ce dispositif -qui pose la question de la surveillance de masse- les autorités ont pu limiter une possible propagation du virus après que l’une des personnes dite “à risque”, revenant de Chine, ait quitté son domicile pour se rendre chez des amis, arrivant à la retrouver ainsi que le chauffeur de taxi l’ayant accompagné.

Vivement critiquée, cette utilisation de l’I.A face au coronavirus en Russie a donné des idées aux scientifiques russes: développer, grâce au deep learning, une intelligence artificielle capable de reconnaitre les personnes atteintes des symptômes du coronavirus grâce à leur empreinte thermique.

Idem en Chine où une telle technologie est aussi utilisée pour traquer les personnes suspectées de porter le virus.

Selon l’équipe de développeurs de GoMyCode, une telle prouesse est plus que réalisable, “la seule question à se poser: c’est quand sera-t-elle utilisée? Avec les moyens adéquats, en quelques semaines, un prototype pourrait déjà être déployé”.

L’I.A pour soigner la maladie?

Et si la solution pour soigner les personnes atteintes de Coronavirus passait par l’Intelligence artificielle? Une idée saugrenue? Pas tellement.

En début de semaine dernière, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont pu, grâce à l’intelligence artificielle créer un antibiotique capable d’éliminer la grande majorité des bactéries, notamment les plus résistantes, dangereuses pour l’Homme.

Cet algorithme qui peut donc créer de nouveaux antibiotiques, jamais créés auparavant, peut même grâce à une base de données de près de 100 millions de molécules prévoir des antibiotiques adaptés à chaque patient. Une véritable révolution pharmaceutique.

Si cette intelligence artificielle ne pourra pas soigner le Coronavirus (qui n’est pas une bactérie mais un virus) pour le moment, il n’empêche qu’une telle découverte pourrait mener les scientifiques à se pencher sur un processus similaire pour les virus même si cela pourrait prendre beaucoup de temps.

En Chine, le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information a demandé aux entreprises travaillant dans l’I.A de s’associer pour optimiser leur algorithmes et aider à la recherche sur la séquence génétique du virus et au développement de vaccins et de médicaments.

La maîtrise de l’Intelligence artificielle: L’enjeu du futur

Dans l’histoire moderne, les épidémies ont représenté de grave menaces pour de nombreux États et ont même changé le cours de l’Histoire. Parmi ces épidémies l’on peut citer la Peste Noire qui a décimé entre 25% et 50% de la population européenne entre 1347 et 1352 ou encore la grippe espagnole qui a touché 1/3 de la population mondiale tuant plus de 30 millions de personnes entre 1918 et 1919.

Ces épidémies ont eu de forts impacts économiques et régionaux, affaiblissant même certaines puissances.

Si pour certains, l’impact de l’I.A en matière de santé fait peur, il n’en demeure pas moins que grâce à celle-ci, la médecine de demain semble déjà en marche et suscite déjà l’intérêt majeur des grandes puissances de ce monde qui souhaiteraient éviter de revivre ces épisodes chaotiques de l’histoire mais représenteraient également des marchés économiques colossaux.

En effet, si le Coronavirus a été l’élément déclencheur d’une course contre la montre menée par plusieurs puissances pour étaler leur savoir-faire technologique en matière scientifique, celle-ci représente aujourd’hui un véritable enjeu géopolitique, d’autant plus, qu’avec la mondialisation les risques épidémiques sont nettement plus élevés que par le passé entrainant pour certains pays et leurs industries pharmaceutiques de véritables opportunités.

Dans ce contexte, liée au Big Data, l’intelligence artificielle en matière de santé devient un véritable pouvoir à part entière que les grandes puissances souhaitent maîtriser. Si la Chine et les Etats-Unis sont déjà lancés dans cette course, il semble que la Russie leur emboîte le pas.
Reste à savoir maintenant, comment les pays du sud aborderont cette nouvelle donne géopolitique…peut-être que le développement et le soutien aux startups pourrait être la solution.