Si globalement les métiers de la tech sont plutôt masculins -même si cela tend à changer-, ils ont longtemps été des métiers féminins. En effet, pendant très longtemps, les hommes pensaient que ces métiers n’étaient pas valorisants pour eux, notamment durant la période de l’entre deux-guerres et de la deuxième guerre mondiale, où beaucoup de technologies que nous utilisons aujourd’hui ont vu leurs ancêtres naître.

C’est pourquoi, durant cette période faste pour le monde de la tech, l’on retrouve de nombreuses femmes à l’origine d’innovations qui laisseront leurs empreintes dans l’Histoire.

Voici l’histoire de 8 femmes qui ont marqué le monde de la Tech:

Elizabeth J. Feinler: La pionnière d’internet

Biochimiste de formation Elizabeth J. Feinler a révolutionné le monde de la tech.

Tout a débuté lorsque, pour sa première expérience professionnelle, elle travaille sur un projet d’indexation des composés chimiques. Fascinée par cette compilation de données, elle laisse tomber la biochimie et se consacre entièrement à cette question en rejoignant l’Institut de Recherches de Stanford.

Elle travaille sur le projet de l’ARPANET, de la Defense Data Network (DDN) et des centres d’information réseau (NIC), projets à l’origine d’Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Elle a notamment développé, avec son équipe, les premiers serveurs Internet et le premier registre de noms de domaine. Ensemble, ils ont également développé le schéma de dénomination de domaine de premier niveau comme le .com, .edu, .gov, .mil, .org et. net, qui sont encore utilisés aujourd’hui sur Internet.

Son équipe a également développé un programme appelé PCSam qui récupère les e-mails des ordinateurs-serveurs et les télécharge sur l’ordinateur personnel d’un utilisateur. Ce fût l’un des premiers modèles des systèmes de messagerie que nous continuons à utiliser aujourd’hui.

Roberta Williams: Une des premières conceptrices de jeux vidéo

Le premier jeu d’aventure graphique, c’est elle. “Mystery House” a été en 1980 un véritable succès qui a propulsé Roberta Williams et son mari sur le devant de la scène.

“Another miracle from the kitchen table“

Selon la légende, le jeu a été écrit sur la table de la cuisine, comme la majorité des autres jeux vidéo qu’elle développera avec son mari à travers leur entreprise “Sierra On-Line”, ce qui lui fera dire à de nombreuses reprises: “Encore un miracle qui vient de la table de la cuisine”, à chaque fois qu’un nouveau jeu vidéo sortait.

Réputée pour être la pionnière des jeux d’aventure, elle est à l’origine de nombreuses innovations notamment en terme de game design, introduisant lors de premier jeu vidéo “Mystery House” une véritable révolution: des illustrations graphiques.

Par la suite, elle créa des jeux vidéo avec des univers particuliers et où l’utilisateur joue avec un personnage et n’est plus la première personne du jeu, à l’instar de King’s Quest sorti en 1984.

Forts de plusieurs succès, Roberta et son mari vendent au prix fort, en 1996, leur société afin de profiter pleinement de leur retraite.

Ada Lovelace, à l’origine du premier programme informatique

La pionnière des sciences informatiques. Ada Lovelace est connue pour avoir été à l’origine du premier programme informatique sur l’ancêtre de l’ordinateur, la machine analytique de Charles Babbage.

“Premier programmeur du monde” selon les historiens informatiques, Ada Lovelace devait à l’origine traduire le mémoire sur la machine analytique de Babbage vers le français. Celui-ci lui demanda cependant d’ajouter des notes et des commentaires. Elle y ajouta 7 notes, dont la dernière, la note G représente un algorithme très détaillé sur le calcul des nombres de Bernoulli grâce à la machine, ce qui deviendra par la suite le premier programme informatique du monde selon les historiens.

Le langage de programmation orienté objet ADA a d’ailleurs été baptisé ainsi pour lui rendre hommage.


Hedy Lamarr: L’ancêtre du Wifi, c’est elle

Hedy Lamarr est une touche à tout, ou presque.

Star adulée d’Hollywood et considérée comme l’une des plus belles femmes du monde à l’époque, connue pour son talent d’actrice -elle a notamment été la tête d’affiche de Casbah de John Cromwell et de Tortilla Flat de Victor Fleming- et de productrice de cinéma entre les années 1930 et 1950, l’autrichienne s’est également fait un nom dans le monde de la tech.

En effet, en 1941, Hedy Lamarr créé avec George Anthell un système secret de communication appliqué aux torpilles radio-guidés capable de tromper l’ennemi et de ne pas apparaitre sur leurs radars. Cette technologie, ancêtre de l’étalement de spectre par saut de fréquence, est celle utilisée aujourd’hui pour le Wifi, le bluetooth ou encore le GPS.

Jaime Levy: La pionnière des médias électroniques


Et si l’on vous disait que les web médias électroniques existaient déjà en 1990? Et derrière, existait une pionnière: Jaime Levy.

En 1990, alors tout fraichement diplômée en Télécommunications interactives de l’Université de New York, la jeune femme lance deux magazines électroniques: Cyber Rag et Electronic Hollywood alors vendus sur Disquettes 800k. Grâce à des campagnes publicitaires et des passages Tv réussis, elle réussira à les mettre en vente dans les librairies et à travers la vente par correspondance, connaissant ainsi un véritable succès.

Après cette expérience, Jaime part chez IBM, où elle a créé en 1993 le premier dossier de presse interactif de l’histoire pour l’album “Cyberpunk” de Billy Idol, contenant des extraits de chansons, des vidéos numériques, de l’hypertexte et une animation interactive.

Concepteur d’interface chez le géant américain, elle rejoint finalement Icon CMT en 1995 pour le poste de Directeur créatif. Elle se consacre notamment à la création de “World”, un magazine en ligne, qui connait un énorme succès aux Etats-Unis, lui permettant d’intégrer le “Top 50 des personnes à suivre dans le cyberespace” de NewsWeek et comme l’une des personnalités des “années 2000 et plus les plus puissantes d’Amérique”.

Après un autre coup d’éclat grâce à “CyberSlacker”, série de dessins animés Flash, elle décide de fermer sa startup Electronic Hollywood et devient professeur universitaire, auteure et stratège en conception d’expérience utilisateur (UX).

Sheryl Sandberg: Celle qui a fait passer Facebook dans une autre dimension

Sans elle, nous n’aurions probablement pas eu autant de publicités sur Facebook, mais sans elle le réseau social n’aurait probablement pas tenu la distance durant toutes ces années.

Ancienne cheffe de service au sein du département du Trésor des États-Unis, elle rejoint Google en 2001 en tant que vice-présidente des Ventes et opérations internationales en ligne et participe notamment à la création de la régie publicitaire de Google (Adwords qui deviendra par la suite GoogleAds).

En 2007, elle rencontre Mark Zuckerberg, CEO de Facebook, lors d’un dîner. Si ce dernier ne cherchait pas de directrice des opérations à la base, sa rencontre avec Sheryl Sandberg le fera changer d’avis. Rejoignant la firme en 2008, elle travaille à rentabiliser Facebook en intégrant notamment la publicité.

Avant son arrivée, Marc Zuckerberg était “principalement occupée à construire un site vraiment cool ; les bénéfices, supposaient-ils, suivraient” comme l’explique The NewYorker.

Grâce à elle et en 3 ans seulement, Facebook devient bénéficiaire avec la maîtrise d’une main de fer du marketing, des ventes, du développement commercial, des Ressources humaines et même de la communication.

Ce statut lui vaut d’intégrer le conseil d’administration du géant américain en 2012, faisant d’elle la seule femme y siégeant.

Margaret Hamilton: Celle grâce à qui l’homme a pu atterrir sur la lune

Margaret Hamilton a récemment connu son heure de gloire contrairement à de nombreuses femmes ayant révolutionné le monde de la Tech. En effet, si à l’époque ce qu’elle avait accompli était passé inaperçu, depuis qu’elle a été reçu en 2016 par Barack Obama, qui lui a remis la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction aux États-Unis, son nom revient avec insistance dans l’un des évènements majeurs du siècle dernier.

En 1969, la mission Apollo 11 envoie 3 hommes sur la lune. Pour la première fois de l’humanité, un homme (en l’occurence deux, Neil Armstrong et Buzz Aldrin) marche sur lune. Ce que l’on ne savait cependant pas, c’est que cette mission a bien failli échouer si ce n’est l’intervention de Margaret Hamilton.

Après avoir rejoint le MIT, la jeune Margaret est affecté au laboratoire Draper qui travaille avec la NASA, où elle est chargé des logiciels embarqués dans les vaisseaux qui doivent prendre en charge la navigation et l’atterrissage sur la lune du projet Apollo.

Un jour, alors que sa fille était avec elle au bureau, elle eût un déclic: “Un jour, elle était avec moi quand je faisais une simulation de mission sur la Lune. Elle aimait m’imiter et jouer à l’astronaute. Elle a commencé à taper sur les touches et tout à coup, la simulation a commencé. Elle a appuyé sur d’autres touches et cela a planté” affirme Hamilton à The Guardian. Sans faire exprès, sa fille avait appuyé sur le programme “atterrissage” en plein vol. En manque d’espace, l’ordinateur avait effacé les données de navigation vers la lune. Malgré les recommandations d’Hamilton pour changer les choses, sa hiérarchie ne l’a pas écoutée.

Quelques mois plus tard, lors de la mission Apollo 8, un des astronautes avait appuyé par inadvertance sur le programme “atterrissage” en plein vol, entrainant l’effacement des données de navigation. Après plusieurs heures de sueurs froides, l’équipe réussit à résoudre le problème.

Après cet incident, la NASA l’autorise à retravaillé le programme pour résoudre ce problème, ce qu’elle réussit à faire en permettant à la mission Apollo 11 de pouvoir atterrir sur la lune. En effet, avant l’atterrissage, le module lunaire reçoit plusieurs alertes informant qu’il est saturé mais grâce à l’architecture du système d’exploitation attribuant des priorités aux programmes mis en place par Hamilton après la frayeur Apollo 8, la mission a pu réussir.

Betty Jean Jennings et les ENIAC girls: Celles qui ont programmé le premier ordinateur totalement électronique

Betty Jean Jennings fait partie des 6 ENIAC girls, 6 programmeuses recrutées pour programmer le premier ordinateur entièrement électronique construit pour être Turing-complet: l’ENIAC. Une véritable prouesse réalisée en 1945 par six femmes programmeuses: Kathleen Antonelli, Betty Jean Jennings, Betty Holberton, Marlyn Meltzer, Frances Spence et Ruth Teitelbaum.

Longtemps délaissées par les livres d’Histoire, un vibrant hommage leur est rendu dans un documentaire diffusé en 2013: The Computers.